Ces journées se déroulent à quelques reprises durant l’année et s’adresse généralement aux prêtres, diacres et épouse, agentes et agents de pastorale laïques, membres des communautés religieuses, personnel diocésain, collaborateurs et collaboratrices immédiats, communautés religieuses. C’est Mme Georgette Beaudry-Desrosiers qui porte la responsabilité de ces rencontres au diocèse de Joliette.
La dernière journée pastorale a eu lieu le mercredi 26 mars 2025.
Lors de la formation du 30 octobre 2024, M. l’abbé Alain Roy nous a invités à approfondir le sens du dimanche, en explorant sa fabuleuse histoire. De semaine en semaine, nous célébrons chaque dimanche « le mystère de la foi dans toute sa plénitude « .Chaque dimanche, l’Église « célèbre le jour où le Christ est ressuscité d’entre les morts ». C’est pourquoi l’Eucharistie, mémorial de la Pâque du Seigneur, en est le centre.
L’abbé Alain Roy a proposé de poursuivre notre réflexion en nous recentrant sur l’eucharistie, lieu de l’action de grâce, de l’offrande et de la communion ecclésiale. Ensuite, il a invité les participantes et participants à réfléchir sur la nécessité de maintenir ou non le rassemblement dominical dans nos milieux alors que l’eucharistie ne sera pas possible pour différentes raisons.

Voici à cet effet un texte particulièrement intéressant produit par l’abbé Alain Roy.
Célébrer le Jour du Seigneur
La diminution du nombre des participants dans nos communautés paroissiales et la réduction du nombre de prêtres obligent une réorganisation de nos paroisses. La tâche est difficile mais il faut garder bien en vue certains points de repère pour rester fidèle à ce qu’est l’Église et à notre foi catholique. Parmi ces points de repère, il y a la célébration du dimanche, le Jour du Seigneur.
Depuis les tout premiers temps de l’Église, les disciples du Christ se rassemblent chaque semaine le jour où le Christ est ressuscité, le dimanche. Rappelons-nous en effet que c’est le dimanche matin que des femmes sont allées au tombeau de Jésus pour compléter son embaumement. Elles constatent que le tombeau est vide et le Ressuscité se révèle à Marie-Madeleine puis, dans les heures suivantes, aux apôtres. Le dimanche suivant, il apparaît de nouveau aux apôtres alors que Thomas était avec eux cette fois-là. Là encore, ils expérimentent la présence de celui qu’ils avaient pourtant vu crucifié.
Les chrétiens n’en sont jamais revenus. Leur émerveillement devant cet événement renversant s’est très vite traduit par une pratique qui a traversé les siècles. Leur pratique essentielle tenait et tient toujours à quatre éléments : (1) le jour dominical ou seigneurial (toujours le dimanche, jour du Seigneur); (2) l’assemblée se tient car au milieu d’elle, le Seigneur est déjà présent (« Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux », disait Jésus); (3) la célébration est présidée par l’évêque entouré de ses prêtres et de ses diacres (ou maintenant par un prêtre généralement seul) et (4) cette célébration était et demeure une eucharistie. Chaque dimanche, les disciples du Christ font mémoire de sa Présence en célébrant le sacrement de la résurrection qu’est l’eucharistie. Ce jour-là, ils veulent mettre en œuvre les trois C qui les font vivre : la Catéchèse, la Célébration eucharistique, et la Charité fraternelle. Chaque dimanche, nous devrions donc avoir l’occasion de nous instruire de la foi chrétienne (avant, pendant et après la célébration) par l’homélie, des catéchèses pour jeunes et adultes, des partages bibliques, des conférences, des projections de vidéos, des chants, des propositions de lectures. La célébration liturgique devrait être participative, vivante, rassembleuse et stimulante et devrait se compléter par une activité fraternelle comme un repas par exemple ou encore des jeux, un spectacle ou un feu de camp.
Le rassemblement du Jour du Seigneur est le « foyer » de la foi chrétienne catholique. Un « foyer » comme l’âtre dans lequel on entretient le feu qui éclaire, qui réchauffe et réunit. Un « foyer » comme on le dit du point focal vers lequel convergent tous les rayons du soleil qui traversent une loupe et où l’énergie est à son maximum. C’est pourquoi le Concile Vatican II dit de l’eucharistie qu’elle est « la source et le sommet de la vie chrétienne ».
Quelques défis actuels
Mais voilà! Les prêtres sont de plus en plus rares, les communautés paroissiales de moins en moins nombreuses. Nos rassemblements du dimanche sont mis à l’épreuve.
Certains seraient tentés de l’organiser un autre jour de la semaine parce que ce serait plus pratique ou que ce serait plus facile de trouver un prêtre. Mais non! Jésus est ressuscité un dimanche, premier jour de la semaine ordinaire des Juifs. C’est ce jour-là que nous sommes convoqués pour célébrer sa mort et sa résurrection. Normalement, nous le faisons par une eucharistie. Si cela n’est pas possible par manque de prêtre, nous célébrerons alors une liturgie de la Parole en attente de célébration eucharistique. Nous l’appelons une ADACE, une Assemblée Dominicale en Attente de Célébration Eucharistique, parce que la manière normale de célébrer le Jour du Seigneur est de participer à une eucharistie. Ce qui est capital toutefois, c’est de tenir l’assemblée ce jour-là parce qu’elle est déjà en soi un signe de la Présence du Ressuscité. On se réunit donc le dimanche quoi qu’il arrive. Souhaitons que ce soit pour célébrer l’eucharistie. Sinon, ce sera au moins pour une liturgie de la Parole.
Je pense ici à ce qui se passe souvent dans les résidences de personnes âgées où la seule messe est célébrée en semaine. Tant mieux si cela est possible mais le dimanche, une assemblée devrait se tenir quand même dans la résidence pour célébrer le Jour du Seigneur.
Certains insisteront pour que cette liturgie de la Parole animée par une personne laïque préparée à cette tâche se termine par la communion eucharistique. On peut comprendre ce désir mais les évêques québécois sont prudents. Dans une note théologique et pastorale publiée en 2006, ils demandaient qu’il n’y ait pas de communion eucharistique dans les liturgies de la Parole célébrées lors des mariages, des funérailles et les jours de semaine. Pourquoi? Parce qu’on s’est aperçu à l’usage que la confusion devient trop grande entre une telle célébration de la Parole et une eucharistie. Tout le dynamisme de l’offrande et de la prière eucharistique en est absent. Ce n’est plus la même prière. Quand il y a communion dans les liturgies de la Parole, très vite on ne voit plus la différence avec une célébration eucharistique.
Des réaménagements pastoraux difficiles
Quand vient le temps de réaménager la vie pastorale de nos unités paroissiales, on se bute rapidement à certaines difficultés. Par exemple, quel prêtre vient présider l’eucharistie? A-t-il un lien vital avec la communauté? Normalement, depuis les débuts de l’Église, la personne qui présidait la vie de la communauté présidait aussi l’eucharistie. Actuellement, nous n’arrivons pas à respecter ce lien. Nous observons très souvent que l’eucharistie dominicale est présidée par un prêtre « venu d’ailleurs » et qui ne préside pas dans les faits la vie de la communauté. Il ne participe pas à la vie quotidienne de la communauté. On ne se surprendra pas alors que des paroisses préfèrent une liturgie de la Parole animée par une personne laïque connue et appréciée par la communauté plutôt qu’une messe présidée par un prêtre de passage qui ne connaît pas la communauté. Mais alors, la communauté se prive de l’eucharistie et s’éloigne de la pratique ancestrale de l’Église.
Le temps alloué au Jour du Seigneur
Ne faut-il donc pas revoir l’horaire de nos célébrations dominicales? Si le prêtre doit présider deux ou trois célébrations eucharistiques le dimanche, peut-on faire un horaire qui lui permette de passer suffisamment de temps avant et après la célébration avec la communauté? Si les heures de célébration sont rapprochées, comment peut-il participer aux trois C dont nous parlions précédemment? Il arrivera en toute hâte à la célébration et en repartira tout aussi vite. Si nous voulons vivre les trois C, ne faut-il pas consentir aussi à réduire le nombre de lieux de culte pour éviter l’éparpillement des participants et des ministres? Concrètement, cela veut dire, oui, tristement, de fermer des lieux de culte pour que les croyants et croyantes se regroupent et vivent le Jour du Seigneur de manière plus vivante et plus riche?
Que deviennent nos prêtres?
Le Concile Vatican II a repensé le ministère des prêtres. Avant, on le définissait comme l’homme qui avait le pouvoir sur l’eucharistie et sur le pardon des péchés. Le Concile a plutôt fait ressortir trois charges fondamentales du prêtre : l’enseignement de la Parole de Dieu (homélie, catéchèse, conférences, rédaction de textes etc), la sanctification par les sacrements (la prière et la liturgie) et enfin le gouvernance de la communauté. La situation actuelle risque fort de réduire le ministère du prêtre à la facette sacramentelle de son ministère au détriment des deux autres. Concrètement, il va se faire le colporteur des sacrements d’un endroit à l’autre mais il n’aura pas la chance d’enseigner ni d’animer la communauté, tâches remises à des personnes laïques par la force des choses. Cela me ferait penser à un père séparé de son épouse qui viendrait porter à ses enfants la pension alimentaire chaque semaine et repartirait aussitôt, ne pouvant rester avec sa famille. Une lumière rouge doit s’allumer ici. Il nous faut réaménager nos réseaux de paroisses en s’assurant que les prêtres pourront exercer adéquatement les trois charges que leur ordination leur a conférées.
Le Jour du Seigneur dans une Église missionnaire
Nous sommes constamment remis devant le défi d’être missionnaires. Nous y arriverons d’autant plus que nous aurons nos racines vigoureuses dans notre rassemblement du dimanche. C’est de lui que nous recevrons la force, l’énergie, l’élan pour aller faire retentir la Parole de Dieu dont nos concitoyens ont grandement besoin. L’eucharistie dominicale joue le rôle du cœur dans l’organisme humain. Le cœur attire à lui le sang du corps. Il le purifie et le pompe de nouveau, rafraîchi et porteur de vie, dans les veines et les artères. Diastole et systole : les deux mouvements du cœur. À l’eucharistie, nous venons chercher des énergies nouvelles avant d’être relancés dans le monde pour le vitaliser par le Corps et le Sang du Christ dont nous sommes porteurs.
Alain Roy
