Accueil » Le blogue

Le blogue

Autochtones et allochtones réunis pour regarder vers l’avenir

CHRONIQUE SPIRITUALITÉ / Les 5 et 6 mars derniers, Trois-Rivières a été l’hôte d’un événement réunissant près de 150 personnes, dont des membres de communautés chrétiennes, autochtones, des intervenantes et intervenants pastoraux en milieu autochtone et les évêques du Québec. Sur les onze nations autochtones que compte le Québec, huit nations étaient représentées.

Cet événement a été vécu dans le cadre du 30e anniversaire de Mission chez nous. Fondé en 1993-1994 par l’Assemblée des évêques catholiques du Québec, Mission chez nous a pour objectif de soutenir une présence pastorale dans les milieux autochtones. L’organisme cherche également à sensibiliser les communautés allochtones aux réalités vécues par les autochtones en favorisant le rapprochement et le dialogue entre les cultures.

Ayant comme thème : Pour une conversion de notre agir pastoral en milieu autochtone: l’écoute au cœur de la présence, cette rencontre avait pour but de permettre aux gens de prendre le temps de mieux se connaître, de discuter, de réfléchir ensemble sur l’avenir de la présence pastorale en milieu autochtone et d’entendre diverses prises de parole des membres des Premiers Peuples.

Avec vérité, humilité et humour, les conférencières et conférenciers à majorité autochtones ont abordé les thèmes suivants : Premiers Peuples et Église : respect mutuel et guérison commune; la spiritualité comme lieu de guérison et son lien avec le territoire; la présence pastorale des Oblats en milieu autochtone; la convergence possible des spiritualités autochtones et catholiques; les défis du présent et de l’avenir de la présence pastorale en milieu autochtone.

Parmi les conférenciers et conférencières, plusieurs ont fréquenté les pensionnats pour les autochtones et ont témoigné des souffrances et blessures que nous connaissons davantage aujourd’hui. Ces souffrances ont eu un impact durant plusieurs décennies dans leur vie personnelle de même que dans leur vie familiale et communautaire. Les partages ont trouvé notamment écho parmi les personnes autochtones présentes à l’événement. Si les propos ont fait remonter de mauvais souvenirs à la surface, plusieurs ont été en mesure d’apprécier le chemin parcouru dans leur cheminement de guérison.

Dans leur démarche, elles ont souhaité en arriver à donner un sens nouveau à leur vie. Elles souhaitent également qu’entre autochtones et allochtones, il y ait ce désir de se réconcilier en faisant la vérité sur notre histoire commune. À cela s’ajoute le souhait de bâtir des ponts afin qu’ensemble, nous puissions bâtir un monde meilleur, un avenir qui soit digne de tous êtres humains.

Mme Monique Papatie, membre de la Nation Anishnabe de Lac-Simon, en compagnie de Mgr Martin Laliberté, évêque de Trois-Rivières.
Mme Monique Papatie, membre de la Nation Anishnabe de Lac-Simon, en compagnie de Mgr Martin Laliberté, évêque de Trois-Rivières. (Pascal Huot/Mission chez nous)

Riche de leur spiritualité et de leur foi, il a été fait mention que l’un des souhaits les plus précieux est que la guérison puisse advenir afin que les enfants aient une vie qui soit digne d’eux. Le rêve des parents, qu’ils soient autochtones ou allochtones, n’est-il pas aussi le rêve du Créateur, le rêve de Dieu à savoir que tous les humains soient heureux ? Heureux de créer, heureux de vivre leur vie pleinement, à travers des relations profondes et apaisées ?

Le fait de croire que dans notre relation avec les autochtones il y ait un avant et un après est indéniable. La Commission de vérité et réconciliation du Canada a révélé le drame vécu par les autochtones, notamment dans le système des pensionnats. La vérité si cruelle à entendre a mis en lumière des drames humains épouvantables. De cette vérité est née une volonté de réconciliation. D’où l’idée de créer des ponts permettant le dialogue dans une écoute respectueuse.

Même si pour certains cela semble un peu ringard, l’amour doit être au cœur de nos relations. C’est ici la conviction de l’ensemble des intervenants et intervenantes. Nous devons ne plus nous voir comme des étrangers, mais comme des sœurs et des frères en humanité, égaux en dignité.

Comme allochtones, nous avons beaucoup à apprendre des autochtones, de leur vision du monde, de leur vision de l’être humain et de leur spiritualité qui s’inspire du territoire et de la nature. Laissons se transformer notre regard au contact des personnes autochtones, et envisageons ensemble un avenir commun, ancré dans le respect mutuel.

On ne peut passer sous silence la visite du pape François au Canada en juillet 2022. Son objectif était de venir à la rencontre des peuples autochtones afin de poursuivre une démarche d’écoute et de réconciliation. Cette visite avait pour thème marcher ensemble. Ce thème encore présent dans l’esprit du comité organisateur a trouvé son sens dans la célébration eucharistique présidée par Mgr Martin Laliberté, évêque du diocèse de Trois-Rivières.

L’entrée en procession a été marquée par l’arrivée des évêques où chacun était accompagné d’une personne issue des huit Premières Nations présentes à l’événement. Les gens présents dans l’assemblée ont été manifestement touchés par l’entrée de Mme Monique Papatie au côté de Mgr Martin alors qu’elle portait avec l’évêque le bâton pastoral. Ce dernier marchait au rythme de Mme Papatie qui se déplaçait lentement.

Ce geste, hautement symbolique était manifestement le signe de cette volonté de marcher côte à côte, regardant ensemble vers l’avenir. Qui plus est, des prières ont été récitées dans chacune des langues. Plus tard dans la célébration, tous et toutes étaient réunis dans le chœur de la cathédrale manifestant le fait que tout en provenant de différentes nations, il est possible de former un seul corps.

Jean Gagné, responsable des communications au diocèse de Chicoutimi


Dans toutes les interventions entendues, ce qui se dégage comme trame de fond, c’est la force de la spiritualité autochtone et la foi chrétienne. C’est ce qui a permis à ces personnes de pouvoir en arriver à se réconcilier avec leur histoire, avec leurs parents, avec leurs enfants et avec elles-mêmes.