Voici l’essentiel de l’homélie prononcée par Mgr Louis Corriveau, lors de la célébration eucharistique du 24 juin tenue à la cathédrale de Joliette en la nativité de saint Jean-Baptiste.
Homélie pour la solennité de la Nativité de Jean Baptiste
Cathédrale de Joliette
24 juin 2025
La Fête nationale du Québec, encore communément appelée la fête de Saint-Jean-Baptiste est la fête nationale des Québécois.
En 1925, la législature de Québec déclare le 24 juin congé férié, et en 1977, un décret officiel du gouvernement en fait la fête nationale du Québec.
Deux grandes traditions se croisent en ce jour: la nativité de Jean Baptiste (fête religieuse) et la fête nationale (célébration laïque). Il n’y a pas de problème à célébrer les deux. La foi chrétienne peut librement s’exprimer dans un monde où tous ne partagent pas cette foi car nous sommes entendus sur un principe de vivre ensemble : la laïcité de l’État.
La laïcité est le « principe de séparation, dans l’État, de la société civile et de la société religieuse » et « d’impartialité ou de neutralité de l’État à l’égard des confessions religieuses ».
Le principe est clair et les évêques du Québec sont d’accord. Voici quelques extraits du mémoire qu’ils ont présenté ce printemps :
AECQ – Mémoire sur la laïcité (printemps 2025) – extraits
- La laïcité doit s’appliquer à l’État et non s’imposer à la société.
- Nous croyons que la laïcité est un projet collectif et ne doit pas devenir la chasse-gardée des militants anti-religieux.
Je me permets de citer un philosophe écrivain bien connu en France : André COMTE-SPONVILLE :
« La laïcité n’est ni l’athéisme ni l’irréligion, encore moins une religion de plus. Elle n’est pas une croyance, ni une incroyance, mais une volonté : celle de vivre ensemble, pacifiquement et librement, quelle que soit la religion ou l’irréligion des uns et des autres. Cela suppose une loi commune, qui ne soit pas celle de Dieu – puisque tous n’y croient pas, ni tous les croyants au même – mais celle du peuple souverain. C’est en quoi démocratie et laïcité vont ensemble. Si le peuple est souverain, il est exclu que Dieu, politiquement, le soit. Cela n’empêche évidemment pas les individus de pratiquer librement leur religion, s’ils en ont une, ou plutôt c’est ce qui leur en garantit le droit.
Un État laïque, parce qu’il n’a pas de religion, n’en impose ni n’en interdit aucune. Il reconnaît la liberté de culte, comme le droit de les récuser tous. Il protège la liberté d’opinion et d’expression, dans les seules limites prévues par la loi. Il n’est pas contre les religions ; il est indépendant vis-à-vis d’elles, comme elles le sont vis-à-vis de lui.
La laïcité n’est pas le contraire de la religion. Elle est le contraire, indissociablement, de la théocratie (qui voudrait soumettre l’État à une religion), du totalitarisme (qui voudrait soumettre les consciences à l’État), et du fanatisme (qui voudrait s’imposer par la violence). »
Soyons fier de notre foi. ‘La contribution des communautés de foi de la province est essentielle dans la construction du modèle québécois de la laïcité de l’État.’ Mémoire sur la laïcité des évêques du Québec.
Soyons fiers de ces passages bibliques qui bâtissent un vivre ensemble :
- Aimons-nous les uns les autres.
- Partage ton pain avec celui qui a faim. Ne te dérobe pas à ton semblable.
- Tu ne jugeras pas.
- Vivez dans l’unité.
- Aimez vos ennemis.
- Portez les fardeaux les uns les autres.
- Heureux les artisans de paix.
Mgr Louis Corriveau
Évêque de Joliette